En France métropolitaine, l’espèce fait l’objet de mesures de gestion sur la Garonne et sur l’Ouvèze.
En 2013, l’espèce a été découverte sur l‘Ouvèze à Sorgues (Vaucluse). Cette station fait depuis 2014 l’objet d’expérimentations de gestion (arrachage et bâchage) dans l’objectif de déterminer la meilleure méthodologie applicable pour arriver à l’éradication de l’ensemble de la station (Cottaz et al., 2018). Un retour d’expérience de gestion est en cours de rédaction.
En septembre 2016, 110 km en aval de la station de Sorgues, l’espèce a été découverte sur le Petit-Rhône, dans le département des Bouches-du-Rhône, sur la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer. L’unique spécimen observé a été immédiatement arraché dans une démarche de détection précoce et d’éradication rapide (Cottaz, 2019). En janvier 2019, un suivi par le CBN Méditerranéen et le PNR de Camargue a été d’être réalisé dans l’objectif de confirmer l’éradication de l’espèce dans cette station. Un linéaire de 500 m a été prospecté sur le cordon littoral et la présence de plusieurs zones envahies d’Alternanthera philoxeroides a été notée sur une distance d’environ 100 m (11 zones pour un total d’environ 450 m²). Deux zones ont fait l’objet d’un arrachage méticuleux (5 m² ont été traités au total). Pour les autres zones colonisées, l’équipe de prospection a jugé préférable de mettre en place une stratégie de gestion adéquate prenant en compte les spécificités du terrain (surface colonisée relativement importante et espèce présente en mélange avec deux espèces de jonc (Juncus acutus et Juncus maritimus) rendant la pose de bâche et l’arrachage plus complexe) et qui comporterait des objectifs adaptés à l’état de colonisation de la zone (éradication pour les petites populations dispersées et possiblement un confinement pour les populations plus denses). Un état des lieux le plus exhaustif possible sera également réalisé en 2019 le long du Petit Rhône pour déterminer si d’autres populations ont pu s’établir entre les stations de Sorgues et de Saintes-Maries-de-la-Mer.
Sur la Garonne, une station d’Herbe à Alligator a été découverte à Agen en 2014, à proximité de la Réserve Naturelle Nationale de la Frayère d’Alose. Formant un peuplement très localisé, l’espèce a été arrachée afin de prévenir toute éventuelle progression (voir l’article de Guillaume Fried et ses collaborateurs en 2016). Sur cette station, le suivi réalisé l’année suivante identifiait de nouveau un pied d’Herbe à Alligator et une seconde station était découverte sur le territoire de la réserve naturelle (Kordek, 2018).
En 2016 et 2017, d’autres stations ont été à nouveau repérées et confirment l’implantation de l’espèce sur ce territoire (voir la frise chronologique ci-dessous). En 2016, des interventions d’arrachage ont été organisées, mais ont été rendues difficiles par la présence de rhizomes de Paspalum distichum, autre plante exotique envahissante colonisant les zones de limons et graviers émergées. Les interventions prévues en 2017 n’ont pu être réalisées faute de moyens humains et financiers. En 2018, les conditions hydrologiques de la Garonne ont même rendu impossibles les opérations d’arrachage (débits et niveaux d’eau trop élevés). L’espèce reste ainsi présente sur la totalité des sites identifiés, à l’exception d’un site, où la population aurait été ensevelie par des dépôts d’alluvions limoneuses (cette hypothèse reste néanmoins à vérifier). Les prospections des berges, la poursuite d’une vigilance accrue et les interventions d’arrachage seront maintenues en 2019. Un suivi plus complet des populations permettrait d’améliorer les connaissances sur l’écologie de cette espèce et de mieux caractériser sa dynamique de colonisation.
Des essais de contrôle biologique ont été réalisés aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Thailande, avec de nombreux agents de contrôle : Amynothrips andersoni, Agasicles hygrophila, Vogtia malloi, Hymenia recurvalis et Candezea palmerstoni. Le lépidoptère Vogtia malloi est l’agent qui a donné les meilleurs résultats, notamment en Nouvelle-Zélande et Australie où son introduction a permis de réduire l’expansion d’A. philoxeroides. Aux États-Unis, ce même agent a été relâché dans plusieurs états du Sud (Floride, Texas, Arkansas, Louisiane, Arkansas, Caroline du Sud et Mississippi). Dans le Mississippi, les tapis d’A. philoxeroides ont été réduit de 50 à 90 %, mais les résultats sont très variables d’une année à l’autre.
Une des voies d’introduction (la plus probable en France) est son importation volontaire en aquariophilie et comme plante ornementale de bassins aquatiques. Les premières observations en France remontent au début des années 1960 dans le bassin versant de la Garonne (Gironde en 1961, Lot-et-Garonne en 1983, Tarn-et-Garonne en 2002) et depuis les années 2000 dans le Tarn. Selon les données du CBN Sud-Atlantique, elle est présente sur 23 communes depuis la partie moyenne de l’estuaire de la Gironde jusqu’au cours moyen de la Garonne (où elle reste plus rare). Bien qu’étant désormais régulièrement observée dans cette région, elle n’y affiche toutefois jamais de populations réellement denses, et n’a par conséquent pas justifié l’objet de mesures prioritaires de gestion à ce jour. L’espèce a été découverte à Sorgues (Vaucluse) sur l’Ouvèze, un affluent du Rhône, en avril 2013, sur une dizaine de m².
Alternanthera philoxeroides peut former des herbiers denses limitant la transmission de la lumière incidente et entrainant la disparition des plantes immergées (Buckingham, 1996). Altération de la composition des communautés d’espèces natives : des études en Inde et en Inde on montré que la présence d’A. philoxeroides peut réduire jusqu’à 30% la richesse en macrophytes des milieux colonisés (Chatterjee et Dewanji, 2014). Impacte la structure des communautés d’invertébrés en Chine (Pan et al., 2010 et Nouvelle-Zélande (Bassett et al., 2012). Dans les zones où Alternanthera philoxeroides a envahi des zones agricoles, une perte de rendement est observée dans les cultures de riz (perte de 45%), de blé (perte de 36%), de laitue (43%) et de maïs (19%) (Shen et al., 2005). A. philoxeroides est toxique pour le bétail et les chevaux (van Oosterhout, 2007).
Comité français de l'UICN et Office français de la biodiversité [Ed], 2024. Alternanthera philoxeroides. Centre de ressources espèces exotiques envahissantes.
https://base-information-especes-introduites.fr/espece/alternanthera-philoxeroides/ - 7 octobre 2024
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