La Bernache du Canada fait l’objet d’un plan national de maitrise depuis 2012, dont les principaux objectifs sont d’empêcher toute nouvelle introduction dans le milieu naturel, de réduire d’au moins 20 % les effectifs avant reproduction dans chacun des départements où l’espèce est présente, d’éviter son installation dans les départements où elle n’est pas encore implantée. Les moyens mis en œuvre pour atteindre ces objectifs sont la chasse, la destruction des oiseaux en tant que nuisibles et la destruction au titre des espèces exogènes envahissantes.
Les techniques de régulation mises en œuvre comprennent la stérilisation des œufs, le tir (au fusil de chasse ou à la carabine) et la capture d’oiseaux vivants, par exemple pendant la mue (cages-pièges, filets, corrals…). Entre 2012 et 2015, 8 800 individus au moins auraient ainsi été prélevés ou détruits sur l’ensemble du territoire national et plusieurs centaines de pontes ont été stérilisées.
Concernant les milieux urbains, l’ONCFS a édité une brochure destinée à informer sur les moyens permettant de réduire les nuisances engendrées par la Bernache du Canada.
La Bernache du Canada a été introduite en Grande-Bretagne et dans les pays continentaux de l’Europe du Nord dès le XVIème siècle, à des fins cynégétiques et comme oiseau d’ornement (Pascal et al., 2006). La colonisation réelle de la Bernache du Canada commence à partir des années 1960-1970 à la suite d’introductions répétées comme oiseau d’ornement. Le Nord-Pas-de-Calais, l’Ile-de-France mais aussi l’Auvergne (Allier) sont les premières régions où s’implantent durablement des noyaux reproducteurs de Bernache du Canada (Sarat, 2012). Au cours des années 1980-1990, l’espèce accroît nettement son aire de répartition et ses effectifs augmentent. Entre 1990 et 2000, on assiste à la fusion de noyaux autrefois distants comme par exemple l’est de l’Ile-de-France avec le nord de la région Centre (Sarat, 2012). En 2014, l’enquête de Dubois et Cugnasse estimait un effectif total compris entre 6900 et 8200 oiseaux sur tout le territoire national. Elle est aujourd’hui présente dans presque toute la France, à l’exception du pourtour méditerranéen où elle reste rare (Dubois et Cugnasse, 2015).
Selon les enquêtes menées par le réseau Oiseaux d’Eau Zones Humides de l’ONCFS et des Fédérations départementales des chasseurs, la population nicheuse de bernaches du Canada s’élevait en 2014 et 2015 à environ 1 700 couples, répartis dans 53 départements. La population hivernante était estimée quant à elle à 13 500 oiseaux en janvier 2016, répartis dans 62 départements. L’espèce abonde particulièrement en régions Ile-de-France et Centre-Val de Loire, dans l’Allier, les Ardennes, le Nord, la Moselle et le Bas-Rhin. Elle est en revanche peu ou pas encore présente dans le sud-est du pays.
Des cas de compétition directe existent avec les espèces autochtones : piétinements de nids, son comportement très territorial et agressif peut empêcher l’installation d’autres oiseaux autour de son nid (Rehfisch et al., 2010). A forte densité, les déjections des bernaches participent à la pollution et à l’eutrophisation de l’eau (Allan, 1999). Sur les sols, ces déjections sont une source de contamination et le piétinement des oies accentue l’érosion des berges (Banks et al., 2008). De plus, les Bernaches du Canada piétinent et se nourrissent sur les roselières, occasionnant ainsi des problèmes pour ces milieux rares et fragiles (Owen et al., 2003). Cette destruction d’habitats rivulaires impacte indirectement l’implantation de la faune sauvage autochtone.
L’espèce occasionne des dommages aux cultures agricoles et aux aires de loisirs telles que les golfs, les aires de repos, les plages, etc. (Ankey, 1996). Ces dommages sont dus au pâturage, au piétinement et aux déjections des oies. Elles auraient une préférence pour les cultures annuelles et les zones irriguées. En France, aucune estimation de l’impact économique n’a été réalisée. La Bernache du Canada présente également un risque de collisions aériennes non négligeable lorsque les oiseaux sont nombreux (Watola et al., 1996). Les déjections de Bernaches du Canada dans les plans d’eau apportent une charge lourde en nutriments menant à une eutrophisation du milieu permettant à certaines algues toxiques de se développer. Cette pollution des eaux de baignade peut favoriser indirectement la transmission de certaines maladies à l’homme (conjonctivite et botulisme). L’espèce représente également un risque pour la santé publique de par sa présence dans des endroits tels que les parcs, étant un vecteur potentiel de la grippe A (Bönner et al., 2004).
Comité français de l'UICN et Office français de la biodiversité [Ed], 2024. Branta canadensis. Centre de ressources espèces exotiques envahissantes.
https://base-information-especes-introduites.fr/espece/branta-canadensis/ - 12 décembre 2024
La coordination et l’animation des bases d’informations du Centre de ressources espèces exotiques envahissantes sont assurées par le Comité français de l’UICN et l’Office français de la biodiversité.
Centre de ressources
contact@cdr-eee.fr
UICN Comité français
259-261 rue de Paris
93100 Montreuil
Office Français de la Biodiversité
Le Nadar Hall C – 5 Allée Félix Nadar
94300 Vincennes