La Carpe amour a été introduite a de multiples reprises dans le monde, pour le contrôle de la végétation aquatique et l’aquaculture. Elle a été introduite en France en 1957, puis en 1964 dans les canaux du Languedoc. Elle est commercialisée pour lutter contre la prolifération de la végétation aquatique, notamment dans les eaux closes, malgré son peu d’intérêt dans la limitation des algues filamenteuses de grande taille et son rôle important dans la destruction des frayères d’autres espèces (Keith et al., 2011) (voir la lettre d’information du GT IBMA numéro 2) (Keith et al., 2011).
L’établissement de Ctenopharyngodon idella est très peu probable en France métropolitaine. Les zones les plus sensibles seraient le bassin de l’Adour et la Garonne aval et dans une certaine mesure, certains fleuves côtiers de la façade atlantique (Leprieur et Rubin, 2011). Elle se reproduit préférentiellement dans des rivières présentant de forts courants (env. 1 m/s), des variations importantes et rapides du niveau de l’eau (1 à 2 m) et des températures optimales comprises entre 20 et 25°C en été. La combinaison de ces conditions semble rare en France métropolitaine. Ctenopharyngodon idella est une espèce pélagophile, c’est-à-dire que les œufs sont pondus et se développent dans la colonne d’eau ; le courant doit donc être suffisamment puissant pour porter les œufs et les larves jusqu’à ce que celles-ci soient autonomes. Néanmoins, le développement des œufs pourrait se faire à de plus faibles vitesses de courant (Leslie et al., 1983). Toujours est-il que les cas avérés de reproductions en Europe semblent assez rares et inexistant en France. En effet, selon l’enquête menée par l’Université de Nancy, seuls des individus adultes sont observés ou capturés de façon ponctuelle (env. une vingtaine par an) dans les cours d’eau de métropole (Teletchea & Le Doré, 2011).
Dans leur revue sur les impacts écologique de la carpe herbivore, Dibble et Kovalenko (2009), relèvent qu’en plan d’eau (donc même en l’absence de reproduction), la carpe herbivore peut dégrader la qualité de l’eau : la remise en suspension des sédiments lors de son alimentation et la décomposition des fèces induisant une augmentation des concentrations en nitrite, nitrate et phosphate puis une diminution de l’oxygène dissous, souvent suivis de blooms algaux. Ces changements peuvent s’avérer persistants sur le long terme, voire irréversibles. Il a aussi été noté des impacts négatifs sur les communautés de plantes aquatiques et sur les macroinvertébrés, les poissons, et indirectement sur les oiseaux d’eau. L’introduction excessive de cette espèce entraine une perte des habitats refuges, des zones d’alimentation et des aires de reproduction des espèces phytophiles, engendrant des effets négatifs vis-à-vis des poissons et des oiseaux aquatiques (Quesada, 2004). Du fait de la complexité des interactions et du manque d’étude sur les mécanismes écologiques mises en œuvre suite à l’introduction de la carpe herbivore dans un écosystème, les conséquences s’avèrent difficile à prévoir (Dibble & Kovalenko, 2009).
Comité français de l'UICN et Office français de la biodiversité [Ed], 2024. Ctenopharyngodon idella. Centre de ressources espèces exotiques envahissantes.
https://base-information-especes-introduites.fr/espece/ctenopharyngodon-idella/ - 10 décembre 2024
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