En Europe, l’Erismature rousse fait l’objet d’un plan international d’éradication depuis 1999 ; la France a quant à elle initié un programme de dès 1997. Les actions sont définies et mises en œuvre par l’Office Français de la Biodiversité et, sur les Réserves naturelles nationale et régionale du lac de Grand-Lieu (qui accueille un grand nombre d’individus), par la Société Nationale de la Protection de la Nature. Un nouveau plan national de lutte, élaboré pour la période 2015 – 2025, prévoit notamment de renforcer les moyens humains et matériels dédiés à la lutte et au contrôle plus stricte des détenteurs de spécimens captifs dans le cadre de l’application du règlement européen sur les EEE.
Un programme LIFE porté par l’OFB (LIFE Oxyura 17_NAT_FR_000542) est en route depuis octobre 2018 et, pour une durée de 5 ans, vise à assurer la complète maitrise de cette espèce, tant en nature qu’en captivité. La Société Nationale de Protection de la Nature est associée à ce programme spécifiquement pour les actions sur le lac de Grand-Lieu. Le projet LIFE a pour moyen le recrutement d’une équipe dédiée pour détecter, améliorer les techniques de lutte et prélever les oiseaux. Les services territoriaux et l’administration sont sollicités pour assurer la maitrise des individus en captivité dans l’objectif final que seules les structures telles que les zoos ou conservatoires puissent en conserver dans des conditions de maitrise complète. Les actions soutenues depuis plusieurs années par les services de l’OFB et la SNPN accrues par une équipe dédiée semble porter ses fruits avec pour l’hiver 2020, une taille de population hivernante France d’environ 70 oiseaux confirmant la baisse depuis quelques hivers.
En 1948, le Wildfowl & Wetland Trust importe des États-Unis trois couples et un mâle d’Erismatures rousses, pour enrichir la collection d’oiseaux d’eau du parc animalier de Slimbridge, en Grande-Bretagne. Entre 1953 et 1973, quatre-vingt-dix jeunes spécimens issus de cette collection furent laissés libres de voler et gagnèrent le milieu naturel ; un premier cas de nidification en nature fut observé en 1953. Avec un taux d’accroissement estimé à 25 % les premières années suivant son acclimatation, la population introduite en Grande-Bretagne a rapidement augmenté puis a colonisé l’Europe continentale, où elle s’est également implantée avec succès : des oiseaux furent notés en Suède dès 1965, en France en 1974, en Espagne à partir de 1983.
Au fil du temps, les populations introduites et constituées à partir du noyau de Slimbridge se sont probablement enrichies également de spécimens échappés d’autres collections d’oiseaux d’ornement. Le premier cas de reproduction connu en France remonte à 1988, dans le département du Pas-de-Calais. Après avoir connu une forte augmentation (taux d’accroissement annuel estimé à 17 % entre 1996 et 2006, Caizergues et Fouque, 2008), la population française est désormais décroissante, grâce aux actions de lutte engagées.
Le problème majeur posé par la présence et l’expansion géographique de la population d’Érismature rousse, est l’hybridation de cette espèce avec son homologue eurasien, l’Érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala). Ce phénomène d’hybridation constitue aujourd’hui, avec les effets du changement climatique sur les habitats naturels, la principale menace – qualifiée de critique – pesant sur la population mondiale d’Érismature à tête blanche, en danger d’extinction. A long terme, l’hybridation des deux espèces provoquerait la disparition par introgression génétique de l’Érismature à tête blanche (Caizergues et Fouque, 2008 ; Hughes et al., 2006 ; Mouronval et al., 2015 ; Pérennou et al., 1997). Depuis 1984, 69 hybrides ont été observés dans au moins 23 sites espagnols, 68 d’entre eux ont été éliminés. Aucune observation nouvelle d’hybride n’a été faite depuis 2004. En France, 2 femelles puis 1 mâle hybrides ont été identifiés sur le Lac de Grand-Lieu au cours de l’hiver 2003-2004 et en juin 2006 respectivement. L’origine de ces oiseaux est inconnue et il n’existe pas de preuve formelle de reproduction hybride en France.
Comité français de l'UICN et Office français de la biodiversité [Ed], 2024. Oxyura jamaicensis. Centre de ressources espèces exotiques envahissantes.
https://base-information-especes-introduites.fr/espece/oxyura-jamaicensis/ - 7 octobre 2024
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