Introduit en Europe pour l’élevage de fourrure dans les années 1920, l’espèce a fondé d’importantes populations en Allemagne dès les années 1930-1940.En France, il n’était pas utilisé à de telles fins et la population la plus ancienne, dans l’Aisne, a pour origine des individus détenus comme animaux de compagnie évadés ou relâchés au départ des troupes américaines et canadiennes basées à Laon-Couvron en 1966 (Léger, 2003). Cette population a considérablement grossi pour s’épancher sur les départements limitrophes et de proche en proche vers l’est, le nord de la France ainsi que vers l’ouest en direction de la région parisienne (Léger et Ruette, 2014). Cette population semble désormais en contact avec la population belge, probablement issue de la population allemande largement répandue.
Un deuxième foyer de population se développe en Auvergne (Allier, Puy de Dôme, Haute-Loire), avec une multiplication des observations à partir de 2007 (une cinquantaine de données entre 2007 et 2012, avec plusieurs cas de reproduction avérée dans le milieu naturel) (Sarat, 2012). Une troisième population est également en voie d’installation en Gironde où des signalements sont enregistrés régulièrement depuis un premier spécimen en 2007 (Ruys et al., 2014).
En dehors de ces foyers, des observations sont régulièrement signalées sur l’ensemble du territoire national, par exemple en Bretagne où 9 ratons laveurs ont été capturés entre 2000 et 2002 pendant des campagnes de piégeage de ragondins (Léger, 2003). Tous ces individus seraient des échappés de parcs zoologiques, ou des abandons intentionnels de particuliers qui les détiennent illégalement, ces animaux devenant imprévisibles et agressifs une fois adulte (Léger et Ruette, 2014).
En Guadeloupe, l’espèce a longtemps été considérée comme endémique, décrite en 1911 sous le nom de Procyon minor, avant que soit confirmé génétiquement son rattachement à l’espèce Procyon lotor (Helgen et al., 2008) confirmant l’hypothèse d’une introduction depuis les États-Unis ou le Canada entre les années 1820 et 1840. Cette ambiguïté a amené à sa protection jusqu’en 2018 en Guadeloupe. Il est signalé sur toute l’île sans en connaître précisément la répartition (Basse-Terre, Grande-Terre). Il a également été introduit à Marie-Galante et à La Désirade ainsi qu’à Saint Martin. Il est également présent en Martinique mais les populations semblent plus restreintes.
L’impact du Raton laveur sur les écosystèmes est connu : omnivore opportuniste très agile de ses mains et se déplaçant aussi bien au sol que dans les arbres, il consomme autant des végétaux (céréales, baies, etc.) que des invertébrés (insectes, mollusques), de petits reptiles (lézards), des amphibiens mais aussi les œufs et couvées d’oiseaux nichant au sol et dans les arbres. La compétition avec d’autres espèces de petits carnivores (martre notamment) est suspectée en Europe. Il peut s’attaquer aux poulaillers et se nourrir des restes et déchets dans les jardins voire entrer dans les maisons pour dérober de quoi se sustenter. Il se nourrit également des céréales telles que le maïs qu’il affectionne sur pied ou lorsqu’il est récolté en ensilage. Aux Antilles, il consomme également les melons, pastèques, bananes (Gourdol, 2017). C’est un réservoir de zoonoses comme la rage ou d’un ver le Bayliascaris procyonis qui peut causer des encéphalites létales en particulier chez les enfants en contractant les œufs excrétés avec ses fèces. Une étude est en cours en Guadeloupe pour évaluer les dommages causés par l’espèce (Guillemot et Gourdol, 2017).
Comité français de l'UICN et Office français de la biodiversité [Ed], 2024. Procyon lotor. Centre de ressources espèces exotiques envahissantes.
https://base-information-especes-introduites.fr/espece/procyon-lotor/ - 22 avril 2025
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